Michel Butor
Marcel Aymé
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Livre d'Or 1/2
Nicole Melnick n'est pas de ces jeunes femmes du monde qui se mettent à la peinture comme on se met au golf.
Elle obéit à une grande vocation qui n'a pas fini de nous étonner, parce qu'elle est une artiste possédant les dons les plus rares :
la sensibilité, la force, la puissance d'évocation et bien d'autres. Ce sont des critiques d'art qui me l'ont dit avant que je la connaisse.
Mais j'ai compris qu'ils disaient vrai quand j'ai vu ses très beaux dessins et quand je l'ai vue elle même.
En effet, elle a des yeux couleur du temps, pleins de douceur et de lucidité.
J'ai beau n'être qu'un béotien en peinture, il m'est clairement apparu qu'avec ces yeux -là,
on peut voir et peindre n'importe quoi avec un égal bonheur.
Les dessins de Nicole Melnick sont, malgré la jeunesse de l'artiste, d'extraordinaires réussites qui témoignent à eux seuls
de tous les dons précités et d'un métier sûr et délicat de quoi faire rêver les hommes de l'art, déjà chevronnés dans leur métier.
On attend de grandes choses de Nicole Melnick et cette première exposition, déjà si impressionnante, n'est encore qu'un hors-d'œuvre.
Première exposition : dessins sous le pseudonyme de son grand père peintre : Melnick.

La Photographie est un art superbe et terrifiant, du moins semble-t-il. Il est d'abord œil implacable et pénétrant.

Je me plais à l'identifier (sans chercher à savoir si j'ai raison ) au regard fascinant de Baudelaire immortalisé par Nadar.
Mais depuis quelques années, grâce aux progrès techniques que je serais bien incapable d'énumérer, il rejoint la peinture et même la musique.
La subjectivité s'y est infiltrée. C'est une chose de regarder, c'en est une autre de voir.
C'est une chose d'être dans la réalité et le présent, c'en est une autre de laisser remonter à la surface les sensations vécues d'autrefois,
les inventions toujours en action de la mémoire ; c'est ce que me semble faire avec beaucoup de talent Nicole Lejeune.
Ses compositions aussi organiques que des couches géologiques sont non seulement de la peinture mais aussi, oui, je le répète :
de la musique. Il s'en dégage une vibration d'accords sensibles qui touchent le fond du cœur.
Jean-louis Barrault (préface pour la première exposition photo)

Les noces alchimiques des lieux et des yeux : Pour Nicole Lejeune.
Une image se couche sur une autre et nous voyons les étoiles en plein jour. Le mur devient transparent, une fissure s'ouvre
dans la falaise et nous nous faufilons pour assister à l'installation d'un nouveau décor pour notre fête au milieu des ruines.
Le sang des sacrifices tourne en fumée d'encens. Les halètements des parturientes tirent la couverture des marées
puis tout se détend dans l'accord de deux paysages comme celui de la harpe et du pinson après une course éperdue.
Les enfants découvrent des archipels dans les quincailleries et des casades effervescentes dans les supermarchés.
Les économistes se réveillent de leurs cauchemars et l'ange du bizarre, avec son sourire en coin,
leur propose d'ouvrir une fenêtre sur un Siècle d'Or.



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Peintre-Photographe de l'Imaginaire
Nicole LEJEUNE
Livre d'Or